Revue d’histoire intellectuelle

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Claire MILON, Trouver son chemin. Les premières randonnées de la population ouvrière berlinoise (1891-1914)

mercredi 10 janvier 2024

RESUME
À la fin du xixe siècle, la pratique de la randonnée se démocratise et de nouvelles catégories de la population allemande se tournent vers la marche récréative, parmi lesquelles les ouvriers et les ouvrières. Fréquenter les milieux perçus comme « naturels » engendre un nouveau mode de perception des espaces : la forêt devient un lieu de détente et de loisirs, à opposer à la ville, lieu du travail et de la vie quotidienne. La découverte de la randonnée par les ouvriers berlinois constitue alors un moment dans la construction de l’opposition nature/culture pour des populations nouvellement urbaines. Les randonnées sont, pour les associations ouvrières socialistes étudiées, l’occasion de transmettre un savoir-faire pratique, mais permettent aussi des apprentissages biologiques, géologiques et photographiques. Ces activités se révèlent finalement politiques, au même titre que les activités militantes traditionnelles auxquelles les randonneurs participent par ailleurs, puisqu’une vision de la nature spécifiquement socialiste est partagée.

ABSTRACT
Finding one’s way. The first hikes of Berlin’s worker population (1891-1914).

By the end of the 19th century, hiking turned into a more popular activity and new categories of the German population, including working-class men and women, started to embrace this leisure. To spend time in environments perceived as “natural” led to a new way of looking at places : the forest became a place for relaxation and leisure, in opposition to the city, the place of work and daily life. The experience of hiking for newly urban workers in Berlin contributes to the development of the broader opposition between the concepts of nature and culture. For the socialist workers’ associations that are studied in this paper, hiking was an opportunity to pass on practical knowledge, but also to learn about biology, geology and photography. In the end, these activities turned out to be just as political as the traditional militant activities in which hikers, since a specifically socialist vision of nature was passed on.