Revue d’histoire intellectuelle

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Avant-propos JULLIARD (Jacques)

lundi 21 septembre 2015

Le numéro que nous vous présentons ici appartient à un genre auquel la revue est très attachée : il s’agit des formes de la vie intellectuelle et des véhicules qui lui permettent de s’épanouir. C’est ainsi que dès notre numéro 5, en 1987, nous avons étudié le rôle des revues. La revue est le passeur indispensable entre le travail individuel et le public auquel il est destiné. Une revue est un livre à plusieurs voix, et c’est bien ainsi que nous concevons la nôtre. Autrement dit, c’est une coopérative de pensée et de communication.
Ont suivi en 1989, un numéro sur les congrès, un autre l’année suivante (1990) sur les correspondances. En 1994, sous le titre Ce que le lecteur fait de l’œuvre, c’est la question de la réception de l’œuvre par son public qui était discutée. A suivi en 2004, un ensemble sur ces enquêtes qui ont rythmé et informé la vie intellectuelle, notamment dans le domaine des sciences sociales (Enquête sur l’enquête).
Aujourd’hui, la controverse. La controverse n’est pas exactement la polémique, encore moins le pamphlet. C’est un débat intellectuel organisé, qui peut être pacifique ou violent, bref ou étalé dans le temps, avec un objet très précis ou au contraire très large, mettant en jeu des conceptions du monde (Weltanschauungen) opposées.
Mais je m’arrête immédiatement, pour passer la plume à Christophe Prochasson et à Anne Rasmussen qui ont conçu, piloté, orchestré cette entreprise. Ma tâche est ici beaucoup plus modeste, mais essentielle. Elle consiste à remercier Brunhilde Biebuyck, qui nous a généreusement accueillis dans les locaux de Reid Hall, rue de Chevreuse (Columbia Programs in Paris). Il s’agissait d’une journée d’études qui s’est tenue le 3 décembre 2004 sur « les formes intellectuelles de la controverse », organisée conjointement par Mil neuf cent et le Groupe de recherche sur la vie intellectuelle contemporaine (GREVIC) [1], dépendant de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Nos remerciements vont également à Marie-Noëlle Bourguet qui a présidé l’une des séances.

On lira aussi dans ce numéro une étude précieuse et très bien renseignée sur le vorticisme, due à David Monteau. Ce mouvement artistique anglais d’avant-garde (1914-1915) dont l’initiateur est Wyndham Lewis, tandis que l’écrivain T.E. Hulme figure parmi ses membres les plus connus, a suffisamment de relations avec Georges Sorel pour qu’il ne soit pas nécessaire de justifier davantage sa place dans Mil neuf cent. Nous n’oublions pas en effet nos origines soréliennes. Dans cet ordre d’idées, notre précédent numéro, consacré au syndicalisme révolutionnaire et plus précisément au centenaire de la charte d’Amiens (1906) a reçu un excellent écho.
On a maintes fois souligné ici l’originalité de cette revue. Elle est dans le contexte intellectuel et économique du moment un petit prodige et une grande nécessité. Elle ne peut se développer que si les lecteurs qui sont conscients de son importance nous aident à sa diffusion en abonnant et en faisant abonner autour d’eux leurs relations ainsi que les institutions intellectuelles auxquelles ils participent.
Parmi les projets en cours, un ensemble sur la critique littéraire, un autre sur la foule, un troisième sur les juristes au tournant du siècle [2].


Cet article a été publié dans Mil neuf cent, n° 25, 2007 : Comment on se dispute
Les formes de la controverse, p. 3-4.
Auteur(s) : JULLIARD (Jacques)
Titre : Avant-propos
Pour citer cet article : http://www.revue1900.org/spip.php?article36
(consulté le 21-09-2015)


[1Le GREVIC a depuis l’an dernier fusionné avec un groupe plus large, dépendant de l’EHESS : il se nomme AHMOC (Approches historiques des mondes contemporains).

[2Nous remercions Jeremy Jennings pour l’aide précieuse apportée à la rédaction des abstracts.