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Ceux qui ont voulu empêcher la guerre. Actes de la journée d’études du 16 mai 2014, Besançon, Département du Doubs, 2016, 136 p.
par Robert Lindet
lundi 27 novembre 2017
Les actes de ce colloque publié par le département du Doubs risquent de passer inaperçus en dehors de leur région d’origine et ce serait dommage. La rencontre avait été organisée en mai 2014 par Joseph Pinard, normalien et agrégé d’histoire, mais aussi militant et ancien député socialiste. Le projet ne tendait pas à l’exhaustivité, mais à la clarté et à la pédagogie, et l’objectif fut rempli.
Jean-Michel Guieu brosse un vaste panorama du mouvement pacifiste et relativise à son tour la force de la poussée nationaliste avant 1914, circonscrite à certains milieux, ce qui ne veut pas dire que ceux-ci étaient sans influence et sans portée sur les événements. Au moins des contrepoids existaient que l’historien remet en valeur. Son dossier est complété par deux études monographiques. Le germaniste Alexandre Dupeyrix s’intéresse à l’Allemand Ludwig Quidde et l’historienne Jacqueline Lalouette à Jean Jaurès. Leurs diverses prises de position sont restituées avec précision et clarté. Pierre Kerleroux s’essaie pour sa part à une typologie des intellectuels français face aux questions de la guerre et de la paix. Joseph Pinard traite de l’attitude des différents journaux régionaux face aux conférences interparlementaires franco-allemandes de Berne et de Bâle en 1913 et 1914. C’est l’occasion de rappeler l’action de personnalités jadis influentes, mais un peu oubliées comme les députés Aimé Berthod et Albert Métin, tous deux venus du socialisme et se situant aux lisières d’un radicalisme de gauche, réformateur et progressiste qui parut en mesure d’orienter le pays après le congrès de Pau du Parti radical (1913) puis à d’autres reprises dans l’entre-deux-guerres. En fait revit ainsi tout un pan de la culture républicaine, à la fois patriote et refusant la perspective d’une guerre de revanche, qui eut son importance mais se révéla impuissante à empêcher le mécanisme de la guerre mis en place par le système des alliances, conjugué à la montée des passions et des angoisses nationales.