Revue d’histoire intellectuelle

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Alceo Riosa (1939-2011)

samedi 26 septembre 2015

Marco GERVASONI

La disparition, suite à une maladie foudroyante, d’Alceo Riosa, membre du Comité scientifique de la revue depuis ses débuts, n’affecte pas seulement l’historiographie italienne.
Formé à l’université La Sapienza de Rome et à l’Institut italien pour les études historiques de Naples, il eut pour maître Rosario Romeo et Renzo De Felice. Après une brève période d’enseignement à Rome et à l’université de Bari, il enseigna le restant de sa vie à l’université de Milan. Il s’intéressa très tôt à l’histoire du socialisme, et en particulier à celle du syndicalisme révolutionnaire qui était à l’époque peu développée ? : en 1976 il publia le premier travail ­d’ensemble sur le syndicalisme italien et ses origines, qui reste encore aujourd’hui une étude fondamentale.
Dans les années sui­vantes, grâce aussi à de nombreux voyages en France, il élargit ses centres d’inté­rêt, en dialoguant en particulier avec l’historiographie française des mouvements sociaux et en étudiant la figure de Georges Sorel qui l’avait fasciné en raison de sa formation dans le giron culturel de Benedetto Croce. C’est à la suite de l’un de ses voyages en France, au début des années quatre-vingt, qu’il découvrit les originaux de la correspondance de Sorel avec Hubert Lagardelle – plus complets que l’édition livrée au public italien par celui-ci dans les années trente. Jusqu’à la fin de sa vie, Alceo Riosa nourrit l’intention d’en publier une édition critique, mais des vicissitudes variées l’en empêchèrent.
On peut dire que, d’une certaine manière, Alceo Riosa a revêtu les habits du sorélien dans sa façon de concevoir ses travaux d’histoire. En 1994 il publia un volume qui avait pour titre Les mythes du quart état. Ce souci d’appréhender la dimension mytho-poïétique des mouvements collectifs l’amena à étudier aussi, au-delà du socialisme, les phénomènes sociaux et politiques liés au nationalisme, à la Première Guerre mondiale et, plus récemment, à la Troisième force durant la IVe République. C’est un authentique historien européen dont nous déplorons la perte.


Cet article a été publié dans Mil neuf cent, n° 29, 2011 : La Belle Époque des juristes. Enseigner le droit dans la République, p. 228.
Auteur(s) : Marco GERVASONI
Titre : Alceo Riosa (1939-2011)
Pour citer cet article : http://www.revue1900.org/spip.php?article189