Revue d’histoire intellectuelle

Accueil > La revue > Partenaires > GREVIC (1993-2005)

GREVIC (1993-2005)

lundi 13 décembre 2004

Mil neuf cent a été publié de 1993 à 2004 en collaboration avec le Groupe de Recherches sur la Vie Intellectuelle Contemporaine (EHESS-CNRS). Le Grevic a été dissous en avril 2005.

Présentation

Créé en 1993, le Groupe de recherches sur la vie intellectuelle contemporaine est d’abord l’héritier d’une petite équipe pluri-disciplinaire informelle constituée au tout début des années 1980 aux fins de revisiter l’œuvre de Georges Sorel et alors emmenée par Jacques Julliard, alors directeur d’études à l’EHESS. Historiens, juristes, politistes et philosophes se réunirent d’abord pour préparer un grand colloque autour de l’auteur des Réflexions sur la violence, en suite pour maintenir à flot les études soréliennes autour d’une petite revue savante annuelle, les Cahiers Georges Sorel lancés en 1983 sous la direction de Jacques Julliard. Cette équipe constituait un peu la queue de comète d’une forte tradition historiographique centrée sur l’histoire politique et sociale du mouvement ouvrier et qui avait notamment été brillamment représenté à l’École par Georges Haupt disparu en 1980. Ce prolongement se fit dans les termes d’une histoire culturelle et intellectuelle, inflexion notable par rapport aux études qui avaient précédé dans les années 1960 et 1970 encore marquées par l’histoire sociale et politique.
L’équipe "sorélienne" décentra vite ses travaux, hantée qu’elle était par le risque de transformer le groupe en chapelle ardente autour d’un auteur, important certes, mais qui n’avait retenu certains chercheurs du groupe que par raccroc. Elle élargit sa perspective, comme le révèle notamment le troisième numéro de la revue, à d’autres thèmes de recherche touchant à la vie culturelle et politique de l’Europe au tournant des XIXe et XXe siècles. Pour acter cette évolution, la revue changea même de titre en 1989 pour adopter celui de Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle. La part des études soréliennes, sans jamais disparaître tout à fait, fut peu à peu réduite à la portion congrue et limitée à une démarche de pure érudition, comme la publication d’inédits ou de compléments bibliographiques.
L’activité de ce qui n’était pas encore le GREVIC, tout en étant très structurée par la fabrication de la revue, prit peu à peu des dimensions qui apparentaient tout à fait la petite équipe informelle à un authentique "Groupe" du Centre de Recherches Historiques. Elle eut, sans trop l’expliciter, un véritable programme de recherches pensé sur plusieurs années et organisa des rencontres scientifiques. Le séminaire de Jacques Julliard joua aussi le rôle de laboratoire pour la préparation des numéros de la revue ou en vue de certains colloques qui furent organisées dans les années 1980 : colloques sur l’extrême droite, sur le rôle des revues dans la vie intellectuelle à la Belle Epoque (dès janvier 1987, quand l’historiographie des revues se trouvait encore dans l’enfance), sur les correspondances (dont il fut d’ailleurs rendu compte devant les membres du Centre de Recherches Historiques dans le cadre du séminaire de Centre qu’animait alors Bernard Lepetit), enquêtes sur le rôle des Congrès, etc. Il nous parut donc utile de revendiquer une "reconnaissance" de la part du Centre qui, de fait, abritait nos activités et dans l’ambiance intellectuelle duquel nous travaillions. Ce qui fut fait en 1993, terme d’une progressive "professionnalisation" qui toucha une petite équipe constituée aux marges de l’institution et qui conserva d’ailleurs de cette formation initiale diverses strates de chercheurs qui témoignent de toute son histoire.
Le GREVIC est encore marqué en termes de personnel des fondateurs « historiques ». Mais la revue et l’équipe se sont enrichis de plusieurs flux. On y décèle aujourd’hui une pluralité d’horizons disciplinaires, institutionnels, catégoriels, générationnels et, pourrait-on dire aussi, idéologiques, continuant à faire la richesse d’un Groupe qui, en dépit des inévitables tensions ou conflits qui ont, de temps à autres, ponctué son histoire, est demeuré très cohérent. Il faut insister en effet sur le climat extraordinairement amical qui règne au GREVIC et qui explique son dynamisme.
Le Groupe accueille d’abord plusieurs membres du Centre de Recherches Historiques. Il faut tout juste regretter le fort déséquilibre en faveur de l’Ecole puisque pour huit membres de l’Ecole (directeurs d’études, maîtres de conférences, ingénieur), on ne compte qu’un membre du CNRS. En revanche le GREVIC compte un grand nombre de membres associés issus des universités (Bordeaux II, Paris IV, Paris VIII, Paris XII et Strasbourg I). On ajoute à cette petite cohorte de chercheurs, une bonne quinzaine de doctorants en histoire culturelle et politique de l’Europe des XIXe et XXe siècles dont deux ont un rôle très actif dans la vie du Groupe puisqu’ils ont en charge le secrétariat de rédaction de la revue et contribuent beaucoup à l’organisation des événements scientifiques. C’est sans doute l’une des réussites importantes du Groupe que d’être parvenu à intégrer plusieurs étudiants en leur permettant notamment de trouver des débouchés pour présenter leurs travaux soit par le biais de publications dans la revue, soit lors de colloques, soit dans le cadre du séminaire collectif du Groupe. Il faut enfin évoquer l’accueil de thésards étrangers boursiers, de post-docs et de collègues étrangers.
L’organisation du travail demeure la même autour de trois pôles : des colloques ou des tables-ronde, avec un rythme presque annuel, un séminaire mensuel consacré à une réflexion historiographique (depuis 2003, il se concentre sur un état des lieux de l’histoire politique) et la revue qui reste le réceptacle privilégié de l’ensemble de ces travaux et constitue la trace visible de l’activité du GREVIC. Elle permet aussi au Groupe de s’ouvrir sur le monde extérieur en accueillant de nouvelles collaborations et lui évite ainsi le piège de l’enfermement sur lui-même. Les renouvellements sont ainsi mieux garantis.
Deux axes continuent de guider les travaux du GREVIC. Le premier se rattache à une tradition d’histoire des idées politiques, associée à une histoire plus sociale des intellectuels à laquelle plusieurs membres du GREVIC ont beaucoup contribué. On s’est ainsi intéressé aux intellectuels catholiques, à l’anti-intellectualisme et à la question du "genre" des intellectuels. On retient aussi, dans une veine plus classique, l’étude d’auteurs, écrivains ou philosophes (outre Sorel qui est toujours l’objet de quelques études, Péguy a donné lieu récemment à une rencontre ainsi qu’à un numéro de revue), ou bien encore à des traditions idéologiques (un numéro a été par exemple publié sur les « pensées réactionnaires » au XXe siècle). La forme monographique n’est pourtant pas le seul horizon des travaux du GREVIC puisque de grandes question transversales ont aussi donné lieu à plusieurs chantiers : on peut prendre comme exemple l’examen du couple de notions "progrès et décadence" si en vogue dans l’Europe de la fin du XIXe siècle, le républicanisme, l’eugénisme. L’histoire des idées que défend le GREVIC n’est naturellement pas celle des facultés de droit. Elle prétend aussi s’intéresser aux phénomènes de transferts ou de réceptions : une réflexion a ainsi été consacrée à la question de la réception des écrits théoriques et a donné lieu à un numéro de revue, un autre à l’histoire des lectures faites de l’œuvre de Proudhon.
Nous touchons là à l’autre facette des travaux du GREVIC qu’avait inaugurée notamment le colloque sur les revues à la Belle Époque. Plusieurs membres du Groupe sont engagés dans l’histoire sociale des pratiques culturelles. Ce deuxième axe a permis de mettre en place sur plusieurs années un programme d’enquêtes, toujours en cours, qui vise à établir un inventaire des pratiques sociales propres à la vie intellectuelle. Après les revues et les correspondances, les Congrès, on s’est penché sur la pratique de l’enquête telle qu’elle s’est progressivement mise en place dans la deuxième moitié du XIXe siècle autour de quelques modèles comme en constituaient l’enquête policière, l’enquête sociologique voire l’enquête littéraire.
Plusieurs projets de colloques sont en cours, à plus ou moins long terme. Outre la poursuite de sa réflexion consacrée à l’histoire politique, autour du séminaire du Groupe, et qui devrait déboucher sur un ouvrage, le GREVIC dispose de deux projets à court terme inscrit dans le sillage des deux axes de travail dont il vient d’être rendu compte. Le premier est une contribution à l’histoire culturelle de la Grande Guerre : plusieurs membres travaillent à la préparation d’un recueil centré sur le thème de la « guerre du droit » mis en relation avec les événements les plus récents, à paraître au début de l’année 2005. Si le GREVIC a toujours privilégié le XIXe siècle et la première moitié du siècle suivant, il n’a jamais rechigné à quelques audaces plus contemporaines… Le second projet relève de l’inventaire des pratiques intellectuelles déjà évoqué. En décembre 2004, s’est tenue une journée d’études centré sur l’histoire des « formes de la controverse » aux XIXe et XXe siècle dont les travaux seront publiés dans Mil neuf cent au début de l’année 2007. Enfin, il faut signaler la préparation d’un colloque qui se tiendra à l’automne 2006 à l’occasion du centième anniversaire de la Charte d’Amiens et dont le sujet portera sur les usages de cette référence dans le syndicalisme français.

— Membres rattachés au GREVIC (2005) :

Personnel EHESS : Isabelle Backouche, Marc Olivier Baruch, Jordi Canal, Vincent Duclert, Willy Gianinazzi, Jacques Julliard, Marie-Laurence Netter, Christophe Prochasson.

Personnel CNRS : Perrine Simon-Nahum.

Personnel des Universités : Sébastien Laurent, Daniel Lindenberg, Françoise Mélonio, Yves Palau, Patrice Roland, Anne Rasmussen, Shlomo Sand, Florin Turcanu.

Autres membres : Jean-Luc Pouthier, Michel Prat, Eric Thiers.

Doctorants : Gesa Blhum, Marie Carbonnel, Maddalena Carli, Violaine Chatelain, Roberto Colozza, Olivier Cosson, Yaël Dagan, Marion Fontaine, Noémie Giard, Bénédicte Henry, Ji-Huyn Jeon, Eung Lho, Caroline de Loze, Laure Murat, Luc Thyss, Joanne Vajda, Clémentine Vidal-Naquet, Vincent Villette, Michel Vincent.