Lectures

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Georges Sorel
Paris, « Cahiers de l’Herne », 1986, 388 p.

POUTHIER (Jean-Luc)

En choisissant notamment de publier, dans l’abondante correspondance de Sorel, une lettre par an de 1895 à 1922, les responsables de ce Cahier de l’Herne (Michel Charzat, Shlomo Sand et Christophe Prochasson) ont indiqué de façon implicite le sens de leur démarche : l’ensemble qu’ils ont bâti constitue, en dix-huit études et une vingtaine de documents, une véritable biographie intellectuelle de Georges Sorel. Pas de fausses ingterrogations ici, ni de polémiques sur la postérité du sorélisme, mais le portrait à petites touches d’un homme à la fois généreux, dans son souci permanent de la justice, et mesquin à force d’intransigeance ; conformiste dans son mode de vie et insensible aux plaisirs de la consécration sociale, donc irrécupérable ; insasissable enfin dans la variété de ses interrogations intellectuelles et de ses prises de positions politiques. Sorel était un moraliste et un râleur. Cela transparaît à chaque page de ce volume. Il guettait dans la crise de son temps les signes d’une régénérescence individuelle et collective. Il détestait les petitesses de la politique et il le clamait haut. Cet éveilleur de consciences était au fond un personnage assez antipathique. Comment a-t-il pu alors suciter tant d’attachement ? « C’est qu’il s’agissait pour lui de découvrir , a écrit Édouard Berth, comment un monde nouveau se forme ». Lorsque la question est posée avec autant de force qu’il l’a fait dans son œuvre — et tout ce Cahier le souligne — il n’est pas possible de s’y soustraire.

Cet article a été publié dans Mil neuf cent, n° 6, 1988 : Sorel et la pensée scientifique au tournant du siècle, p. 177.
Auteur(s) : POUTHIER (Jean-Luc)
Titre : Georges Sorel : Paris, « Cahiers de l’Herne », 1986, 388 p.
Pour citer cet article : http://www.revue1900.org/spip.php?article57